Une saison 2024-2025 restera longtemps gravée dans les mémoires du club.
Replongeons dans ce voyage, guidé par l’humilité et l’émotion qui caractérisent si bien notre groupe.
Une phase de poule parfaite : 14 sur 14
Résultat : quatorze rencontres, quatorze victoires, et surtout la meilleure défense du championnat. Ce n’est pas un chiffre qui gonfle l’ego ; c’est le reflet d’un travail collectif : la joueuse qui plaque n’est jamais seule, la suivante est déjà à la bataille au sol, et la troisième replace la ligne.
Chaque week-end, les Gazelles répètent la même partition, portée par un staff qui martèle : « On ne défendra bien que si on communique. » À la 14ᵉ journée, le compteur d’essais concédés est presque aussi maigre que l’écart qui sépare le printemps de l’été ; la confiance, elle, grandit à vue d’œil… sans jamais virer à l’arrogance.
Les phases finales : chaque tour, une histoire
Seizièmes de finale — 26 avril, Pays de Savoie (69-10)
Retrouver une vieille connaissance ajoute un soupçon de sel : l’an passé, déjà, on s’était frottées aux Savoyardes. Pas de surprise tactique : la préparation vidéo a été claire, les timing de courses bien réglés. Le coup d’envoi retentit et les Gazelles transforment leur domination en points, jusqu’à ce 69-10 qui libère les sourires mais rappelle aussi l’exigence du prochain tour.
Huitièmes — 3 mai, Oyonnax (15-0)
Oyonnax, relégué d’Élite, débarque avec l’étiquette du favori. Les souvenirs de poule – un succès d’un point chez elles, puis un 38-0 à domicile – rappellent qu’il n’y a jamais de routine. Les défenses se rendent coup pour coup ; puis survient le coup dur : Manon Compain, notre pilier, se fracture la cheville. Les minutes qui suivent sont un mélange de larmes, de bandages et de rage froide ; l’équipe se serre, bascule dans un rugby d’entraide et arrache un 15-0 tremblant mais mérité. Manon, sur sa civière, lève le poing ; tout est dit.
Quarts — 17 mai, Team Normandie (48-20)
Invaincues comme nous ; impressionnantes, après un 45-0 infligé à Chalon. Sur le papier, le bras de fer s’annonce interminable. Sur le terrain, les Gazelles déroulent un rugby total : jeu debout, soutien éclair, relance depuis nos 22. La Normandie rend coup pour coup, mais la vague dijonnaise ne cesse de revenir. 48-20 ; plus qu’un score, la preuve qu’en alliant plaisir et rigueur, ces filles peuvent déplacer des montagnes.
Demi-finale — 24 mai, Joué-lès-Tours (43-5)
Match couperet : l’Élite au bout. Le vestiaire est calme comme avant l’orage. On sait que les Tourangelles sont réputées dures au mal. Les Gazelles répondent par un rugby méthodique : occupation, discipline, accélération au bon moment. 43-5 au coup de sifflet : Dijon retrouve l’Élite ! Les larmes coulent, pas de fatigue, juste l’instant où l’on réalise qu’on partage quelque chose qui dépasse le simple classement.
La finale à Auch : le dernier voyage
Samedi 31 mai, à Auch, le soleil se lève à peine lorsque le réveil musculaire à l’aube donne le signal. Petit-déjeuner pris, les soins et les strappings rituels s’enchaînent, chaque geste étant teinté de l’excitation mêlée de la pression du jour J. Avant de monter dans le car qui les mène au stade, un moment suspendu. Chacune sort une lettre d’un proche, des mots d’amour, de soutien et de fierté. On lit en silence, les cœurs battent fort, puis on plie précieusement le papier pour le glisser dans une chaussette, comme un talisman.
Sur la pelouse d’Auch, l’entente Bagnères-Baronnies se dresse en face, solide et fière, un adversaire de taille à la hauteur de l’événement. Dès les premières minutes, l’intensité est palpable. Les mêlées claquent avec force, les chandelles montent haut dans le ciel gersois, et le public, venu nombreux, gronde déjà. Les Gazelles frappent les premières, marquant leur territoire, et si l’adversaire riposte, ne lâchant rien, nos filles installent progressivement leur emprise sur le match. Le score évolue en notre faveur, témoignant de notre domination. Le match est un bras de fer incessant, chaque action est disputée avec une rage de vaincre incroyable, chaque plaquage est un message, chaque passe une promesse. Les corps sont mis à l’épreuve, la fatigue se fait sentir, mais les cœurs, eux, ne faiblissent pas.
Alors que le chronomètre s’égrenait vers la fin, notre avance était déjà bien établie. Nous menions 17 à 5, preuve de la maîtrise collective et de l’efficacité de nos Gazelles. À la toute dernière seconde, malgré un ultime sursaut d’orgueil de l’entente Bagnères-Baronnies qui inscrira un essai, le sort du match était scellé. Le coup de sifflet retentit, une clameur s’élève du terrain, puis des tribunes. Le tableau d’affichage indique 29-17, mais le résultat est sans appel. Ce n’est plus juste un score, c’est l’aboutissement d’une saison parfaite, de sacrifices, de blessures surmontées, de joies partagées. Les larmes se mêlent aux sourires éclatants, les étreintes sont infinies.
Le bouclier, symbole de cette victoire tant désirée, est levé dans les airs, étincelant sous le soleil d’Auch, avant de prendre la direction de Dijon, porté fièrement par des Gazelles désormais Légendaires. Championnes de France ! Quelle fierté pour le club, pour la ville, et pour toutes celles qui ont cru en ce rêve fou.
Longtemps sous-estimées, ces « Gazelles » dijonnaises, cette petite équipe qui n’inspirait pas grande crainte, ont peut-être trouvé là leur plus grand avantage. Ignorées, voire prises de haut, elles n’en ont jamais douté.